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de l'Unité Pastorale saint-Michel
31
Mar

Quel poids sur les épaules de nos évêques !

https://fr.aleteia.org/2025/03/31/quel-poids-sur-les-epaules-de-nos-eveques

Jean-Étienne Rime – publié le 31/03/25

Les évêques de France sont réunis à Lourdes du 31 mars au 4 avril 2025 pour leur assemblée plénière de printemps. Coordinateur de la Fraternité missionnaire des cités, notre chroniqueur Jean-Étienne Rime revient sur la charge personnelle qui pèse sur les épaules de chaque évêque, invitant les fidèles à prier pour eux.

Alors que s’ouvre à Lourdes une assemblée plénière de la Conférence des évêques de France (CEF), l’aide, la prière, l’appui en tous genres deviennent plus essentiels encore tant la mission de nos pasteurs est une vraie charge, lourde, très lourde. Les laïcs doivent prendre conscience de la diversité et des difficultés de leurs évêques pour les épauler avec constance.

L’évêque reste seul

L’évêque est seul par définition, parce que la base hiérarchique de l’Église est héritée de l’organisation romaine. Le canon de la messe nous le rappelle : « Veille sur ton serviteur, notre pape…, notre évêque…, l’ensemble des évêques, les prêtres, les diacres et tout le peuple racheté. » Il s’agit bien d’une verticalité, d’ailleurs rappelée lors des ordinations pendant lesquelles l’ordinant promet fidélité à son évêque et à ses successeurs. Bien sûr, s’il existe au sein des diocèses, des commissions, des délégations et une coopération certaine et indispensable, les décisions finales sont prises par l’évêque et sans recours ou appel possible.

Les choses pourraient changer avec l’émergence de la synodalité et saint Cyprien de Carthage donnait déjà le ton au IIIe siècle : « Rien sans la responsabilité personnelle de l’évêque, rien sans l’avis des presbytres, rien sans le consentement du peuple de Dieu. » Qu’en est-il aujourd’hui ? Chacun pourra vérifier dans son diocèse qu’il y a des progrès à faire, surtout des changements de mentalités… et que l’évêque reste seul pour décider, seul dans une vie bien difficile de pasteur des pasteurs. Si dans le passé, devenir évêque était une promotion remarquable pour un curé, aujourd’hui, nombreux sont ceux qui refusent la mitre et lorsqu’ils acceptent, leurs confrères ne les envient pas et leur souhaitent beaucoup de courage. Ce n’est plus l’ambition qui mène à l’ordination épiscopale mais une âme de missionnaire, un sens de l’abandon de soi et la certitude de vivre des moments difficiles et de prendre des décisions clivantes.

Sur les épaules d’un seul homme

L’évêque est un véritable patron de PME avec de multiples fonctions : religieuses, bien sûr mais aussi juridiques, économiques, sociales, logistiques, immobilières… mais en étant loin d’avoir les moyens d’un dirigeant d’entreprise. Pas ou peu de formation initiale, des personnels imposés, des ressources en constante diminution alors que la demande est en constante augmentation, etc. La comparaison est intéressante bien que l’Église ne soit pas une entreprise, on le sait, mais les responsabilités de la vie civile d’un évêque, financières, juridiques et pénales sont croissantes dans une France qui se complexifie. Quel poids sur les épaules d’un seul homme !

Et à cela, il faut ajouter ou plutôt commencer par sa responsabilité spirituelle, qui n’est absolument pas celle d’un dirigeant laïc et là encore, son univers mental est saturé. Il suffit de prendre un diocèse classique en France et regarder ce qui se passe. De façon schématique, sans entrer dans les détails, notre évêque a en charge une soixantaine de prêtres actifs et autant de retraités. Tous ont des parcours et des personnalités variées, des âges différents, des spiritualités qui vont de l’Action catholique à la Tradition, avec des responsabilités diverses : paroisse, aumônerie, formation, pèlerinages… et tous ont des aspirations, des attentes à l’égard du diocèse. Bref, convenons-en, c’est sur le papier totalement ingérable ! Cependant, l’évêque doit assurer l’unité du presbyterium, présider les temps forts, les confirmations, accompagner les futurs prêtres qui sont peu nombreux et c’est son angoisse (la prise en charge est d’autant plus délicate), accompagner les malades à Lourdes lors du pèlerinage annuel, rencontrer les jeunes et tant d’autres demandes qui nécessitent prière, préparation et présence. Quel poids sur les épaules d’un seul homme !

Trouver le temps de prier

Et pour continuer sur la charge d’un évêque, il a des responsabilités transverses au sein de la Conférence des évêques de France ou comme aumônier de tel ou tel mouvement. Il doit étudier, répondre aux médias, superviser un séminaire, se rendre à Rome ou ailleurs, présider une association… Quel poids sur les épaules d’un seul homme ! Et il ne faut pas oublier qu’il a aussi une vie spirituelle sans laquelle il se dessécherait et ne deviendrait qu’un fonctionnaire de l’Église. Il doit trouver le temps de prier, prier plus encore pour ses prêtres, religieux, diacres, laïcs en mission, paroissiens et habitants de son diocèse.

Sont-ils heureux, nos évêques ? Bonne question qui n’est pas souvent posée. Qui prend soin d’eux ? qui les épaule dans leur vie, les conseille de façon désintéressée, franche et aimante ? Prions pour nos évêques réunis à Lourdes.